La gentillesse, une force oubliée du management… et bien plus encore
Dans les discours actuels sur le management, le mot-clé est souvent bienveillance. Vouloir le bien, respecter les personnes, créer un climat sûr. Mais la bienveillance reste une intention.
La gentillesse, elle, est une pratique. Elle s’incarne dans des gestes, des paroles, des limites posées avec respect. Là où la bienveillance pense, la gentillesse agit. Et si ce mot sonne parfois fade aujourd’hui, c’est parce qu’il a perdu au fil des siècles son aura originelle. Pourtant, il pourrait bien être l’un des leviers les plus concrets pour transformer nos relations professionnelles, nos apprentissages et même nos parcours de soins.
Un mot noble, devenu banal
Le mot gentil vient du latin gentilis, “qui appartient à une lignée”. D’abord noble par le sang, puis par le comportement, il évoquait au Moyen Âge la dignité, la courtoisie, la générosité.
Le gentilhomme incarnait cette noblesse de conduite. La gentillesse était alors une valeur enviée.
Mais au fil du temps, le mot s’est affadi. Au XIXe siècle, il devient synonyme d’aimable. Au XXe, il glisse dans la tiédeur : “il est gentil, mais pas brillant”.
👉 La gentillesse a basculé d’une force sociale à une faiblesse supposée.
Bienveillance, gentillesse, bien-être
- Bienveillance (bene velle, “vouloir le bien”) : une disposition intérieure.
- Gentillesse : l’expression visible de cette disposition dans des actes.
- Bien-être : l’effet observable, individuel et collectif, quand ces actes deviennent une habitude.
Cette chaîne réhabilite la gentillesse comme chaînon manquant entre l’intention bienveillante et les résultats tangibles.
Pas une morale, mais une compétence
La gentillesse n’est pas une vertu molle ni un mot d’enfant. Elle doit être comprise comme :
- Une compétence sociale : permettre le conflit sans humiliation, donner du feedback sans violence.
- Une compétence professionnelle : nourrir la coopération, la qualité du travail collectif, la transmission.
- Une discipline personnelle : elle demande énergie et constance, comme un entraînement.
👉 Être gentil, ce n’est pas manquer de caractère. C’est exercer sa force autrement.
Ce que disent les sciences
Les recherches montrent l’importance de comportements qui ressemblent à la gentillesse :
- Sécurité psychologique (Amy Edmondson) : les équipes performantes sont celles où chacun peut parler sans peur d’être humilié.
- Leadership compassionnel (secteur santé) : l’écoute et le soutien réduisent le burnout et renforcent la motivation.
- Justice interpersonnelle (études françaises, ex. Sanofi) : l’empathie et la reconnaissance managériale améliorent le bien-être et la justice perçue.
👉 Autrement dit, la gentillesse est un levier de performance organisationnelle.
Gentillesse et assertivité
Être gentil ne signifie pas dire oui à tout. C’est aussi poser un cadre clair, dire non, protéger une équipe. C’est l’assertivité : affirmer sans agresser.
Comme dans les arts martiaux, force et respect peuvent coexister. La gentillesse relève de ce même art : une force disciplinée, codée, visible.
Dans la formation
En pédagogie et en formation, la gentillesse est tout sauf une faiblesse. Elle rend possible :
- le feedback constructif, entendu parce qu’il est donné avec respect,
- l’apprentissage actif, où l’erreur devient une étape et non une faute,
- la coopération durable dans les groupes.
C’est une compétence que je mets au cœur de mes formations pour enseignants, travailleurs sociaux et professionnels de santé. Être gentil ne signifie pas “adoucir” la transmission, mais la rendre plus efficace.
Dans la thérapie
La gentillesse joue aussi un rôle essentiel en thérapie.
- Elle favorise l’alliance thérapeutique, ce lien de confiance qui permet d’avancer.
- Elle donne un cadre où l’on peut travailler des problématiques difficiles (stress, anxiété, TDA/H, troubles du sommeil) sans jugement.
- Elle permet de poser des limites claires, ce qui est sécurisant pour la personne accompagnée.
En hypnose, en sophrologie, en TCC ou en EMDR, cette qualité relationnelle devient un outil thérapeutique.
Dans l’entreprise
Pour les organisations, la gentillesse est un outil de management stratégique. Elle permet :
- de rendre les conflits gérables,
- de renforcer la confiance,
- de sécuriser la coopération,
- d’installer un climat de travail propice à la performance.
C’est aussi ce que je développe dans mes interventions auprès des entreprises.
Limites et garde-fous
- La gentillesse ne doit pas se confondre avec la complaisance.
- Elle doit coexister avec l’exigence et la clarté.
- Dans certaines cultures, elle peut être vue comme une faiblesse : d’où l’importance de l’incarner comme une force.
Conclusion
Réhabiliter la gentillesse, c’est rappeler qu’elle n’est pas une morale molle ni une faiblesse. C’est une compétence sociale et professionnelle, une discipline exigeante, une force discrète mais décisive.
👉 Que ce soit en management, en formation, ou en thérapie, la gentillesse reste un outil stratégique : elle installe la confiance, facilite la transmission et construit une performance durable.
Pour approfondir ces thématiques, retrouvez d’autres articles sur mon blog.
FAQ — Gentillesse, management, formation et thérapie
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